Trois années après ton départ physique parmi nous, je me donne un bonheur sans égal pour t’adresser cette correspondance porteuse d’un message de douleur sans fin, d’une séparation qui n’entrera jamais dans les habitudes.
Mon ami et camarade_
Je commencerai le texte avec deux paroles : une que j’ai eue avec mon frère Beauzile, l’autre avec sa femme. Dans une de ces rencontres historiques sur ta galerie chaque mardi, en te regardant et en te lisant, j’ai dit à mon ami : « Si Dieu pouvait lui donner un autre cœur, je serais content. » On était en 2019.
Avec la Présidente, Madame Edmonde BEAUZILE, il y a eu un complot pour réussir à vous faire vivre au local du Parti cette grande expression publique d’amour de nous tous à ton égard, sur le modèle d’homme inspirant que tu as l’honneur d’être.
Malheureusement, tu es parti et la fête n’a pas eu lieu. Un regret san fin.
Depuis cette occasion, a germé l’idée de ne pas faire de la mort la seule condition pour s’exprimer sur la vie d’un ami, d’un camarade.
Le mois de la mémoire
Le mois de février t’est bien consacré. Choublack, le journal du Parti, ne dira que de toi, de ta réelle histoire, une douce enseignante, un agréable miroir. Le directoire du Parti est constructeur de ce noble projet.
Dans le grand désarroi que la situation actuelle du Pays nous conduit tous, je sens qu’il est opportun de faire communication spirituelle avec toi pour t’en parler et espérer ton souffle si généreux pour une orientation plus en harmonie avec nos aspirations de Patriotes convaincus.
La terre pour laquelle tu as tant lutté, la terre pour laquelle tu as consacré la plus grande partie de ton temps terrestre, la terre que tu espérais accueillante pour tous ses fils et filles, la terre pour laquelle tu as laissé la seule vraie méthode pour bousculer les antagonismes inutiles entre les forces vives du Pays à savoir : « LE CONSENSUS », depuis ton départ regrettable n’a pas fait de pas en avant. Il est par contre, toujours dans nos préoccupations et nous nous y engageons avec une détermination plus forte. Il est la voie unique du renouveau.
Parce que tu es en adoration de détails, parce que je sais aussi tu as un don particulier pour recevoir ce qui te dérange avec sérénité, je vais te dresser un petit tableau de nos réalités quotidiennes.
Le plus grand mal aujourd’hui c’est l’insécurité qui couvre la plus grande partie du territoire. Les bandits dictent leurs lois et donnent aux citoyens un rythme nouveau de vie. J’épargne à tes oreilles le chiffre effarant du nombre de personnes tuées ou kidnappées depuis ton départ.
Ils sont très nombreux les compatriotes qui ne peuvent plus vivre tranquillement dans leurs demeures. Ils sont en mouvement vers des espaces plus calmes qui se rétrécissent de jour en jour. Les enfants sont dans la tourmente.
La Production Nationale si elle n’est pas inexistante, elle est au niveau le plus bas. La vie chère frappe au quotidien toutes les familles haïtiennes. Se déplacer librement d’un point du territoire à une autre relève d’un fantasme irréalisable.
Toi qui parlais de Couverture forestière et de campagne de reboisement à réaliser, je te dis que la terre est dans une calvitie trop avancée. Il me semble comprendre que pari est pris de faire du Pays un désert total.
Te rappelles-tu avoir dit sur Radio Kiskeya dans une dernière interview que le taux de change entre la gourde et le dollar allait passer à 60% et que l’on ne t’avait pas cru. Aujourd’hui, il dépasse le double, soit 132%. Trois années après ton départ, l’ailleurs devient la seule porte de sortie.
Le Projet Biden seulement en une année c’est déjà plus de 150 000 de toutes conditions… Sans mentionner le Brésil, le Canada et les Caraïbes. Cette saignée humaine nous rappelle ce que, les Européens, au 17e siècle, avaient réalisé sur le continent africain. Privé de ses cerveaux, il lui était impossible de faire des pas en avant.
Si tu étais là, je suis certain que tu ferais l’analyse pour nous indiquer la direction dans laquelle on veut engager le pays.
Les conséquences sur l’administration Publique dépassent l’entendement. Le tableau n’est point reluisant et tu dois t’en rendre compte.
Dans ce décor pas du tout gai ou la perte de l’espoir semble gagner tout le monde, le Parti lance une grande campagne nationale autour du slogan de combat « Ayiti pap peri ».
Nous gardons intacte notre ferveur patriotique, elle ne nous abandonnera pas. Nous nous situons, comme tu nous l’as enseigné dans notre mission sacro-sainte d’œuvrer, de participer à la rédemption de la cité. Nous vivons dans une conjoncture certes difficile mais non insurmontable.
Ton départ crée une permanente douleur dans nos cœurs de FUSIONNISTES et nous ne cesserons de penser à ce grand homme politique, le Patriote, le Généreux qui a fait de sa trajectoire sur la terre un modèle d’inspiration pour ambitionner au bénéfice de la PATRIE Commune, la Rédemption nécessaire.
Le slogan existentiel : « AYITI PAP PERI » est notre leitmotiv de tous les instants car nous avons la mission d’être les acteurs privilégiés du Renouveau de notre Patrie commune. Au carnaval de Jacmel nous l’avons exprimé et nous devons trouver d’autres circonstances pour ranimer l’espoir de toute la Nation. Ne l’oublions jamais les Fusionnistes sont porteurs d’espoirs nouveaux.
Le modèle d’homme exceptionnel que tu as été demeure pour nous un miroir dans lequel nous prenons agréable refuge. Toujours au-dessus de la mêlée, tu cherchais inlassablement la recette du rassemblement utile parmi nous.
Tes généreuses idées empreintes d’humanité semées dans nos cerveaux sont toujours présentes et nous les portons comme signes distinctifs de patriotes toujours prêts à apporter leurs contributions dans la construction de l’édifice national.
Le Pacte de gouvernabilité, ton Pacte, notre Pacte attend son temps. L’engagement pour y parvenir est chez nous dans sa permanence.
Merci d’avoir été parmi nous camarade Serge. Merci par tes idées de rester en nous et de conduire nos démarches.
Repose en paix mon ami.
Mes amours pour toi ne flétriront jamais, elles sont dans leurs dimensions démesurées.
Merci, Au revoir Camarade
Merci, Au revoir Camarade
Me Mozart CLERISSON