Serge Gilles, l’homme de consensus, promoteur de la Fusion

Pourquoi ce titre ?

Parce que Serge cherche toujours à s’associer aux autres pour trouver une solution aux problèmes qui se posent. « Je veux faire partie de la solution et non du problème », était son slogan préféré. Ceux qui ont l’âge pour se souvenir de l’acte odieux du 29 Novembre 1987 commis sur les électeurs, particulièrement à la ruelle vaillant.

Au cours de ces élections, Me Gerard Gourgue candidat du Front National de Concertation avait semblablement de fortes chances de remporter ces élections. Suite à ces évènements douloureux, Serge avait compris et avait tiré la leçon. La société haïtienne et l’establishment américain n’étaient pas encore prêts pour un pouvoir de gauche en Haïti disait-il.
Il a tout de suite pris la décision de rectifier le tir, et pour bien montrer que la gauche n’est pas le démon qui fait peur et qu’on doit éviter à tout prix, il décide donc de faire alliances avec le MIDH de Marc Bazin et le MP28 de Dejean Bélizaire créant ainsi l’ANDP. Ce geste lui a valu des critiques acerbes dont il fait peu de cas car pour certains c’était une alliance contre nature.

Après le premier mandat d’Aristide, et l’arrivée de Préval à la Présidence, il reprend son bâton de pèlerin et forme avec Evans Paul, Turnep Delpé, René Théodore pour ne citer que ceux-là, le groupe des six, et prône l’idée d’une conférence nationale. Une idée que Delpé n’a jamais abandonné jusqu’à sa mort.

Ce bref rappel c’est pour vous montrer que l’idée de la fusion bouillonne dans la tête de Serge depuis longtemps et pour être plus précis depuis 1981 au congrès du parti socialiste Français à Epinay, où François Mitterrand avait été désigné pour représenter le parti face á Giscard d’Estaing. Je peux vous le rassurer, car durant mon séjour en France au cours des années 84,85,86 je lui rendais visite souvent et il m’en parlait de son intention de voir un jour un parti socialiste Haïtien avec tous les gens de la gauche modéré en Haïti.

Je lui disais que ça allait être difficile. Difficile mais pas impossible, me disait-il.

Après maintes associations, maints regroupements dont l’espace de concertation, la convergence, il décide de se lancer pour de bon dans la bataille pour la formation du parti socialiste haïtien (PSH).

Le premier contacté fut René Théodore qui répond par l’affirmative mais à condition que Gérard Pierre Charles n’y fasse pas parti. Sans mot dire il s’entretient avec ce dernier, car Serge n’est pas du genre à éliminer qui que ce soit au sein d’un parti, pour lui un parti politique est une association de volontaires.

Pierre Charles donne son accord même avec René Theodore. Le hic pour Gérard Pierre Charles, était que les autres ténors de l’OPL étaient d’avis contraire. Il décide faire cavalier seul et croit pouvoir les convaincre plus tard. Victor Benoit, Evans Paul, Claude Roumain sont bien d’accord mais demandent un temps de réflexion. Dr Robert Auguste, devenu le personnage principal de « Haïti Kapab » à la mort de Ernst Verdier, donne son entière adhésion au projet. Les discussions, les négociations ont duré  environ trois ans et plus. Finalement vers le milieu de l’année 2005, le pacte est signé et chacun s’engage à dissoudre leur propre parti afin d’être disponible pour la Fusion un mot très cher à Victor Benoit qui insiste pour que le nouveau parti prend le nom de FUSION DES SOCIO-DEMOCRATES HAITIEN (PFSDH).

On se congratule, on fait des projets. Brusquement Gerard Pierre Charles demande à Evans Paul de lui dire la raison pour laquelle il n’a pas signé le document. L’euphorie était telle que les autres ne s’étaient pas rendu compte de l’absence de signature de (KP) mais comme Pierre Charles était le dernier à signer il s’interrogeait. A la question de Gerard, Evans répond qu’il a un petit problème au niveau du KID, il tient à le résoudre avant pour ne pas handicaper les autres. Les autres ont compris et un délai de huit jours lui a été accordé pour se mettre en règle avec son parti.

Il n’est jamais revenu, et pour toute réponse il se déclare candidat à la Présidence et ce par la voix d’un Dominicain du nom de Alejandro Bonifacio au cours d’un rassemblement du KID à bourdon. Alejandro Bonifacio déclare dans son discours en espagnol et je cite : « EL PROXIMO PRESIDENTE DE LA REPUBLICA DE HAITI SENOR EVANS PAUL ».

Tout de suite après Claude Roumain désiste, prétextant qu’il ne compte pas monter dans une voiture qui va être à court d’essence, cela ne vaut pas la peine d’après lui. Le décès de Gérard Pierre Charles ramène le groupe à trois car les autres ténors de l’OPL s’y étaient déjà opposés.

La FUSION finalement est donc réduit à trois membres. Serge Gilles du PANPRA, Victor Benoit du Konakom, Dr Robert Auguste de Haïti Kapab. Voilà en bref l’histoire du parti socialiste que Serge voudrait voir comme un instrument stratégique à longue durée. Il est parti, il nous a laissé avec beaucoup de chagrin, mais la Fusion demeure. Le parti avec toutes les difficultés rencontrées tient fermement la route.

Dr. Debussy DAMIER

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