Comment faire pour redonner à notre chère Patrie sa splendeur artistique d’antan ? Le théâtre, on ne voit plus les acteurs sur scène. La musique, il y en a certes mais elle a perdu son identité ancestrale. Comme nous l’avions déjà dit, la musique Haïtienne a connu ses heures de gloire dans les années 40, particulièrement en 1949 lors de l’exposition du bicentenaire sous le gouvernement de l’illustre Président Léon Dumarsais Estimé.
Au cours de cette année charnière qualifiée à juste titre la belle époque, les orchestres étaient composés de musiciens de qualité capable de rivaliser et de tenir tête à n’importe quel musicien étranger, partition en main. Ce qu’il faut retenir maintenant, c’est que le compas direct a presque fait oublier tous les rythmes de l’alma mater, mais à cette époque d’or il n’existait pas encore. Ainsi le Petro, le yanvalou, l’ibo et le rabordaille faisaient le bonheur des touristes qui affluaient à l’époque découvrant une musique, des rythmes qu’ils ne connaissaient pas.
Le jazz des jeunes dans une de ses compositions disait bien et je cite « Chaque peuple gen mizik pa l ki pou fe l jwe gran wòl » donc un peuple peut toujours être identifié à partir de sa musique. Quand on écoute le raggae, on voit tout de suite la Jamaïque, le twist fait nécessairement penser aux USA, tout comme le tango nous met l’Argentine sous les yeux et sans réfléchir le ranchera nous conduit directement au Mexique, alors que la roumba, la salsa évoquent pour nous Cuba.
C’est pareil pour Haïti avec le petro, le yanvalou, le rabordaille qui nous ramènent à nos racines. Je mets en défi n’importe quel compatriote se trouvant à l’étranger depuis un certain temps de me dire s’il ne sent pas couler un sang chaud dans ses veines si par hasard il entend passer dans la rue une bande de rara qu’il soit en Angleterre, en Chine ou au Japon. Il est donc impératif pour redorer le blason de notre Pays lui redonner son identité artistique particulièrement musicale.
Pour cela, une école de musique digne de ce nom doit nécessairement voir le jour sous la direction de musiciens chevronnés, et j’en connais pas mal qui n’attendent que ça et qui sont même disposés à enseigner gratuitement.
Il ne faut pas l’oublier, la musique racine traduit l’âme du peuple Haïtien. Alors soyons nous- mêmes. Revenons chez nous. An nou tounen lakay.
Dr. Debussy Damier