La gestion du pays depuis l’indépendance par ses dirigeants et le bilan global qui en est résulté, dans tous les domaines de la vie, mettent l’haïtien dans une situation de double questionnement, tant par rapport à sa propre personne que par rapport au pays. L’un des torts les plus graves faits à la société haïtienne par les différentes élites est l’assassinat de notre histoire et tout ce qu’elle comporte comme motif de fierté, de dignité.

Aujourd’hui, on est sans repère et sans âme. L’haïtien cesse d’être citoyen. Cette qualité lui a été ravie. Tout se passe comme si aucun évènement historiquement qualitative ne nous disait vraiment rien et comme si nos martyrs n’avaient jamais existé. Les grandes dates de l’histoire nationale ont perdu leur sacré et elles cessent de soulever l’orgueil national. Les hommes qui ont marqué notre histoire ne font plus l’objet d’un culte sérieux et pourtant les historiens et les anthropologues ne cesseront de vanter la grande importance de la commémoration des évènements dans l’histoire d’un peuple. Les nations, les grands peuples n’ont aucun sens sans leur mémoire historique. Un people sans histoire est une pure aberration.

Joel CANDEAU a le mot convenable en disant : « la notion de commémoration renvoie à un dispositif qui permet l’organisation des mémoires et la construction identitaire des groupes sociaux à travers un repérage dans le temps. »

Le Champs de mars et sa situation actuelle renseignent. N’a-t-on pas vu des jeunes écoliers, après leurs examens, piaffer sur les héros ? Les monuments historiques dans leur état disent, parlent, expriment. Tandis qu’ils devraient être de véritables lieux de mémoire et vitrines de la fierté nationale. Nos jeunes ne se trouvent pas dans un milieu qui fixe leur esprit sur ce qui nous distingue des autres peuples pour la construction d’une identité. La relation avec notre histoire glorieuse n’est pas faite et l’on a une vie sans ancrage.

Des lors, aucune énergie sérieuse ne peut être engagée dans la formation du pays. Nous sommes interpellés publiquement afin de nous comporter en Peuple, en Etat et en Gouvernement responsable. Nos héros ont droit à une réhabilitation nationale. La mémoire d’un peuple n’est en réalité qu’une entreprise d’exaltation de toutes les grandes figures et de tous les évènements qui ont marqué son existence.

La pensée de Vicenzo CUOZO est d’une saisissante actualité : « La connaissance objective d’un peuple, de son passé, de sa mémoire, de ses traditions, de sa langue, en d’autre terme de son sens commun a pour objectif de rendre ce people sujet de l’action politique, de s’en faire un allié et ainsi de garantir la durée et la solidité de cette même action. » La tâche tant du présent que de l’avenir est de réfléchir sur les voies et moyens de correction à apporter à ce mal.

La Fusion des sociaux-démocrates haïtiens dont l’un des axes existentiels se veut la défense de la souveraineté nationale lance la bataille en vue de la reconstruction de l’âme citoyenne en organisant sur tout le territoire national la grande croisade pour la réhabilitation des dates et des évènements qui nous caractérisent : 1er Janvier, 2 Janvier, 18 Mai, 17 Octobre, 18 Novembre, 7 Avril, 14 Août, 22 Aout, 29 Août, 8 Octobre, 19 Juillet, 7 Février, l’assassinat de Charlemagne Peralte, la grande tuerie des paysans de Marchaterre, dans le Sud. Les dates, les monuments historiques, les héros de l’indépendance appellent de notre part des attitudes plus responsables, plus utiles, plus généreuses. C’est dans ce registre que ledit parti veut mettre sur pied trois grandes activités à portée citoyenne :

  1. Marche vers nos monuments historiques- Journée du patrimoine.
  2. Concours patriotique et littéraire sur les monuments de notre histoire de peuple.
  3. Connaissance de nos écrivains et nos hommes politiques.
  1. Marche vers nos monuments historiques.

a. Tout en considérant les valeurs d’ancienneté et d’historicité des monuments historiques, nous privilégions ici leurs valeurs commémoratives. Ils prétendent à l’immortalité, au présent éternel. Les monuments historiques sont les témoins authentiques des visions qui ont animés les concepteurs et les réalisateurs. La visite d’un monument historique renvoie à un voyage dans le temps pour rencontrer les pères fondateurs. Un lien est alors crée. Il est fondamental dans l’éducation citoyenne. Des ancrages sont fixés. Ils sont disséminés à travers tout le territoire. Leur état actuel traduit et notre insouciance et notre grande absence d’intérêt tant pour les œuvres elles- mêmes que pour les esprits qui les ont accouchées.

Face à ce vide dangereux, il s’agira pour le parti de réfléchir sur le choix d’une Journée que l’on baptisera : « Journée du Patrimoine. »

b. Pour la journée du Patrimoine, la date est à trouver. Elle servira à réfléchir sur l’importance des monuments historiques en même temps que leur visite suscitera la ferveur patriotique nécessaire pour la construction d’un citoyen plus attaché à son histoire., à son pays. La Fusion s’attachera à promouvoir des réflexions dans toutes les couches de la Cité sur la nécessité d’une restauration de tous les monuments où qu’ils se trouvent sur le territoire national.

L’ISPAN doit retrouver sa vocation essentielle. Les parlementaires de la Fusion porteront ces idées au Parlement sous forme de Projet de lois.

  • Concours littéraire et civique

En considérant le peu d’importance suscité dans le milieu haïtien pour la célébration des grands moments de notre histoire et le danger qui nous menace. La Fusion, pour susciter chez les participants cette obligatoire appropriation des moments d’hier pour une nouvelle approche du présent organisera des concours littéraires primés à l’occasion des dates nationales suscitées.

Une adresse à la nation des dirigeants de la Fusion fixera pour tous et pour chacun la position du parti par rapport à la signification profonde de la date considérée. Etant entendu qu’il faut cesser de laisser le monopole des commémorations historiques aux seuls dirigeants publics.

3. Connaissance de nos écrivains et de nos hommes politiques

Dans les discussions animées par les jeunes haïtiens, dans leur moment de réflexion, ils admettent qu’ils vivent dans un pays sans repère, sans passé donc sans futur. Ils prennent refuge dans ailleurs considéré comme porteur de toutes les espérances. Il se crée alors un éloignement citoyen entre les haïtiens et tout ce qui concerne le pays de leurs origines. Haïti n’attire plus. Haïti cesse de motiver.

L’engagement citoyen nécessaire à un nouveau départ commande de la part des différentes élites des actions de grande intelligence sinon l’âme haïtienne s’effritera jusqu’à nous voir considérer l’occupation comme nécessaire. La génération actuelle a besoin de comprendre, de savoir du pays.

Quelle peut être la contribution de la Fusion dans cette croisade pour des attitudes plus citoyennes et des uns et des autres sur la terre commune des ancêtres ?

La Fusion réunira des Historiens, des Professeurs, des Ethnologues, des Hommes de Loi, des Économistes, des Hommes de Lettres, des Agronomes, des Environnementalistes avec l’idée d’organiser de conférences, de colloques sur des problèmes de toutes sortes auxquels fait face notre société. Le Parti veut susciter un véritable débat national à la recherche du sursaut nécessaire. L’Education à la Citoyenneté est le grand combat à livrer en Haïti pour s’attaquer à l’éloignement civique qui prend ici une proportion inquiétante.

La Fusion se situe dans cette dynamique pour provoquer la participation citoyenne à la renaissance de la Cité.

Mozart CLERISSON

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